
On ne présente plus les X-Men, l’équipe de super héros la plus connue (et sans doute la plus populaire) qui dans les années 90 écrasaient tout sur leur passage : numéro de comics le plus vendu de tous les temps encore a ce jour, dessin animé culte, révolution du jeu de combat via Capcom, etc, et, a la fin de la décennie, le fameux film éponyme ayant démocratisé les adaptations de super héros.

On les retrouve ici en plein exercice dans la salle des dangers (une salle d’entrainement créant des situations virtuelles en hologrammes plus vraies que nature, dont on peut augmenter l’intensité jusqu’à un niveau quasi mortel). Magneto, dans un de ses plans machiavéliques dont il a le secret (sauf quand au détour d’une storyline il devient un allié), décide de pirater l’ordinateur de la salle et faire affronter certains de leurs plus grands ennemis a nos héros jusqu’à qu’ils soient vaincus d’épuisement. C’est à eux de trouver la raison pour laquelle le bug a eu lieu, et le corriger. Une grosse partie du jeu se déroulera donc dans une simulation.

Je passe tous les niveaux qui ne sont que du fan service pour les fans de X-Men où on affronte des ennemis emblématiques (Apocalypse, Dent-de-Sabre…) pour arriver directement a l’avant dernier niveau. Étant enfin arrivé a nous contacter télépathiquement, le Professeur X indique a ses fidèles élèves que la salle des dangers se met à jour constamment après chaque défaite, agrandissant les obstacles sur notre route, jusqu’à que mort s’ensuive. L’affronter ne sert donc à rien. Il nous ordonne de la réinitialiser, de chercher la fonction reset, Il est clair : c’est a NOUS de le faire, personne d’autre.

Le niveau suivant, est le « Mojoworld ». Mojo est des ennemis les plus dangereux des X-Men, un riche empereur d’une planète d’une autre dimension dédiée au divertissement dont le but est d’enlever des personnes hors normes pour les faire jouer dans des émissions télé sadiques. Les X-Men sont donc une cible de choix, du fait de la grande versatilité de leurs pouvoirs (il a même crée un groupe de clones enfants des mutants car plus mignons pour l’audimat). Je ne pense pas que le choix de ce niveau a ce moment là du jeu soit anodin, le fait que le joueur doit savoir qu’il observe une émission télé est un des indices supplémentaires pour comprendre la résolution de l’énigme. On pourrait même aller jusqu’à dire que c’est une personnification de l’ordinateur qui observe sa future défaite.


A l’issue de ce niveau, le personnage se retrouve maintenant dans une impasse. Que faire? Un timer indique que le temps est limité pour trouver la solution. En essayant de synthétiser les indices du professeur, et après avoir tourné en rond pendant un bon moment, le joueur devant sa télé, dans un éclair de génie (ou non, vu que beaucoup n’ont jamais trouvé la solution) va alors tenter le tout pour le tout et appuyer sur le bouton reset de sa console, qui sert normalement a redémarrer la console sans avoir a l’éteindre.


Et oui. Réinitialiser sa console était l’actuelle, évidente, solution attendue. Il n’y a pas d’alternative. C’est la seule manière d’atteindre effectivement le dernier niveau et de vaincre Magneto. Mais attention ! Il ne faut pas appuyer trop longtemps, sinon le « reset » se fait pour de vrai, et on doit recommencer le jeu du début. C’est un problème notamment sur les émulateurs où il faut avoir une option « soft reset » pour que ça fonctionne.

Si vous vous demandez comment ça marche exactement, c’est assez simple en réalité (merci a ce site pour l’explication) : quand on appuie sur le bouton reset, la console ne redémarre pas vraiment mais recharge le programme sur la cartouche en cherchant une ligne de code spécifique qui indique où le jeu doit normalement démarrer. X-Men se permet donc de modifier cette ligne de code après l’affrontement contre Mojo pour qu’elle renvoie plutôt a une séquence précise qui correspond a la suite de l’aventure.
Je n’ai pas trouvé d’infos sur les motivations des créateurs a crée une solution aussi alambiquée. Dommage, il aurait été intéressant de connaitre les motivations d’un esprit aussi tordu (mais génial) pour déduire que cette énigme était viable dans un produit principalement destiné aux enfants et aussi, accessoirement, déjà très difficile. Je ne parle d’ailleurs pas de la suite du jeu car le niveau suivant s’enchaine comme si de rien n’était après la manipulation, avec a peine une petite cinématique qui indique que les X-Men ont repéré Magneto et se rendent sur sa base. Pas même le professeur qui nous félicite, rien.
Dans sa suite, X-Men 2 : Clone Wars, il n’y a rien de si tordu mais quand même un petit élément qui pourrait être une référence a cette fameuse séquence. Quand on démarre la console, il n’y a pas d’écran titre, pas d’écran de choix du personnage, rien. On est directement propulsé dans l’action sans même pouvoir choisir qui incarner. Pour switcher de personnage durant cette partie du jeu il faut donc faire reset jusqu’à voir s’afficher le sprite de notre mutant favori. L’écran titre s’affiche enfin après avoir terminé ce premier niveau, et la sélection du personnage arrive a ce moment là. On comprends que toute la partie « extérieure » était une intro, l’intégralité du jeu se faisant dans une base souterraine qu’on rejoint a l’issue de celle ci. Peut-être un hommage a James Bond, qui sait?

Une réflexion sur “X-Men (Megadrive, 1993)”