Medal of Honor & Résistance (1999-2000, PS1)

Steven Spielberg était assurément passionné par la seconde guerre mondiale entre les années 90 et 2000. « Il faut sauver le soldat Ryan », « Band of Brothers », et dans un autre propos « La Liste de Schindler »… Les exemples sont concrets et font partie des meilleures œuvres sur le sujet. Cependant, on oublie souvent le premier Medal of Honor qui, en plus d’être conçu en collaboration avec l’ami Steven, depuis longtemps un fan de jeux vidéos (il est souvent impliqué personnellement dans les adaptations de ses films, comme le fameux E.T. the Extra-Terrestrial sur Atari 2600, et créera plus tard Boom Blox sur Wii), est une avancée charnière dans l’histoire des FPS. La volonté ici n’est pas de faire (avant tout) une expérience fun et décomplexée, mais de retracer avec le plus de fidélité possible la réalité de la seconde guerre.

Pensé en parallèle a la conception de « Soldat Ryan » (après avoir vu son fils jouer à Goldeneye 007), Medal of Honor est conçu par Spielberg (via son studio Dreamworks Interactive) comme une version « ludique » de son propos, partageant la même volonté d’authenticité historique : le spécialiste de la WW2 consulté pour le film sera d’ailleurs aussi de la partie, s’assurant que le sujet ne soit pas trop pris a la légère. Les missions, basées sur des lieux et faits réels, contextualisent constamment les événements en ajoutant des briefing comportant des images d’archive d’époque et en respectant l’architecture, les costumes où l’arsenal disponible, qui ont aussi eu droit à un soin tout particulier dans leur conception, notamment au niveau des bruitages des armes très réalistes. Cette quête d’authenticité permis au produit d’être officiellement soutenu par une association de vétérans, malgré d’initiales protestations de leur part quant au nom du jeu (la « medal of honor » est la décoration la plus honorifique pour un soldat américain). Les musiques, composée par Michael Giacchino, rajoutent un aspect cinématographique et épique à l’ensemble : il composera plus tard la bande son de Les Indestructibles, des Star Trek de JJ Abrams ou de certains films des Wachowski.

Évidemment surtout basé sur l’action, époque oblige, le jeu s’offre aussi des séquences plus subtiles en forçant le joueur à s’infiltrer dans des bases ennemies, l’avatar vidéoludique étant un agent de l’OSS, lors desquelles il doit dégainer ses papiers d’identification comme une arme pour avancer dans les niveaux. Ceux ci seront souvent un prétexte pour démontrer divers éléments de la guerre, peut-être pas forcément logiquement pour le personnage, mais en proposant un panel de faits historiques à but informatifs, comme par exemple une quête pour retrouver des œuvres d’art volées par les nazis, ou le sabotage d’une usine de gaz moutarde. Peut-être pour renforcer cette volonté de prendre l’histoire le plus au sérieux possible, les ennemis sont beaucoup plus intelligents que les standards de l’époque, pouvant s’enfuir, élaborer des stratégie simples, renvoyer les grenades et réagiront selon l’endroit où ils subiront des dégâts (ce qui rappelle Goldeneye 007).

Mélangeant encore plus la réalité et la fiction, la dernière mission demande au joueur de saboter un missile V2 dans ce qui constitue la reproduction exacte d’un événement historique. Une fois l’objectif accompli, un journal de news se joue, montrant la réalité de l’action et ses conséquences réelles. Ainsi, le joueur participe réellement a l’effort de guerre, dans un exemple concret.

En 1995, Spielberg avait déjà songé à créer un jeu sur la deuxième guerre mondiale, épaulé par Noah Falstein (créateur de Sinistar et des deux jeux d’aventure Indiana Jones sur DOS), mais le projet fut annulé par le studio qui ne croyait pas a un projet basé sur l’histoire : Noah ne sera pas oublié et fera un caméo dans le mode multijoueur de Medal of Honor en tant que personnage jouable, entre Rosie la riveteuse et Winston Churchill, ainsi qu’un vélociraptor, autre référence a Spielberg.


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