Medal of Honor & Résistance (1999-2000, PS1)

Suite a des problèmes financiers, Dreamworks Interactive est contraint avant même la sortie du jeu de vendre les droits de son bébé a EA, qui n’était que l’éditeur, donnant les clefs du succès a l’entreprise contre une bouchée de pain. La production devient un grand succès public et critique, louée pour son ambiance historique inédite.

Une suite est immédiatement amorcée pour l’année suivante, Medal of Honor : Résistance, reprenant les mêmes bases : le joueur incarne Manon Batiste, personnage secondaire du premier jeu, dans un préquel mettant en scène la résistance française. Bifurquant entre plusieurs cadres de conflits, l’histoire démarre par une échappée dans la France occupée, et se conclut sur un retour triomphant dans un Paris en passe d’être libéré. La formule est grandement améliorée, proposant une plus grande variété de missions et une IA plus subtile, rajoutant comme grosse nouveauté des séquences avec/contre des véhicules (et semble avoir crée le concept de tirer a la mitrailleuse lourde à bord d’un véhicule en mouvement, mais je peux me tromper). Comme pour le premier jeu, des spécialistes sont consultés, cette fois ci d’anciens résistants, dont notamment Hélène Deschamps Adams qui sera l’inspiration principale du personnage, et apparait en interview pendant les crédits de fin.

La musique se jouant durant la dernière mission contient un easter egg au sujet de Michael Giacchino qui aurait rejoint la résistance après cette composition.
Hélène Deschamps Adams et Scott J Langteau, le producteur du jeu.

Laissés en totale liberté, EA se focalisant sur l’autre suite prévue sur la génération suivante de consoles, l’équipe de développement se permet des expérimentations narratives parfois jusqu’à l’absurde (mais en respectant toujours un semblant de réalité historique) : Manon affronte des chevaliers nazis dans un château, récupère un artefact occulte en infiltrant des fouilles archéologiques, et une mission bonus voit même le retour du héros du premier jeu pour escorter une obscure mascotte de propagande allemande ayant pris vie comme une créature de Frankenstein teutonique, gagnant au passage une légion d’honneur décorée du logo Dreamworks. Le mode deathmatch est de retour, permettant cette fois d’incarner une majorité de personnages français tels De Gaulle, Petain (!), Marcel Marceau, ou encore Quasimodo et Cyrano de Bergerac (ainsi que l’acteur de Nosferatu, Max Schreck).

Cet épisode est encore à ce jour une référence des FPS console, a mi-chemin entre la géométrie labyrinthique des Doom-like et le spectaculaire grandiloquent des shooters des années 2000 (il est même possible d’y jouer nativement avec les deux stick analogiques), et mérite d’être redécouvert, notamment pour son sujet très peu soulevé par les récits de WW2 en jeu vidéo.

La série, devenue culte en créant le sous genre de FPS « de guerre », s’enlise sur la génération suivante dans la danse des sorties annuelles interchangeables malgré des produits de qualité (10 jeux en 14 ans) et ne saura pas concurrencer le grand rival Call Of Duty qui explose sur le plan multijoueur en ligne dès 2007 via son épisode Modern Warfare ; le grand public se lasse de la seconde guerre mondiale et saute sur l’aspect « guerre moderne » de la série d’Activision. On peut noter dans ces productions la scène extrêmement immersive du débarquement en Normandie de Medal of Honor : En première ligne en 2002, calée sur la scène d’ouverture de « Il faut Sauver le Soldat Ryan ».

Après 10 ans d’un silence radio (voire 15 si on ne compte pas le reboot « moderne » de 2010), la série revient subitement en 2020 avec un jeu VR, Medal of Honor Above and Beyond. Cette production tertiaire est contre toute attentes récompensée par un oscar du meilleur court métrage documentaire pour « Colette », la quête d’une nonagénaire sur la trace de son frère mort dans les camps, conçu pour la campagne marketing du jeu. La série, malgré elle, renoue avec l’Histoire.

Sources : ici, ici et ici.

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